Cette lettre d’opinion a paru le 26 novembre 2018 dans plusieurs quotidiens du Québec.
Depuis maintenant deux ans, l’Ordre des ingénieurs du Québec a été mis sous administration. Quelle que soit notre opinion à l’égard de cette décision, je peux vous affirmer que ces deux années d’actions intensives au sein de l’Ordre ont porté leurs fruits et qu’il est temps de procéder à la levée de cette tutelle.
Des résultats exemplaires
L’organisation, en plus d’avoir renforcé ses mécanismes de protection du public et de consolider sa gouvernance, affiche désormais une excellente santé financière. Elle possède également un plan d’action clair mis en œuvre par une équipe de gestion renouvelée. De plus, son bilan des deux dernières années montre des résultats exemplaires:
- réduction de 67% du temps moyen des enquêtes disciplinaires;
- renouvellement au sein de la direction et du conseil d’administration;
- adoption d’un plan d’action exhaustif et mesurable (Plan ING2020).
De plus, le public a retrouvé confiance en la profession. Selon un sondage Ipsos de décembre 2017, 73 % de la population a confiance dans le travail des ingénieurs, comparativement à 49 % en 2013.
De nouvelles initiatives
L’Ordre se démarque aussi par de nouvelles initiatives, notamment pour réduire de manière significative le délai d’obtention du permis d’ingénieur pour les professionnels formés à l’étranger. Une nouvelle règlementation est entrée en vigueur au printemps 2018 pour concrétiser cette nouvelle approche et nos actions ont été saluées par plusieurs chefs de file des milieux sociaux et économiques.
Grâce à la mobilisation des employés de l’Ordre et avec l’appui de la direction, des membres du conseil d’administration et des parties prenantes, nous avons travaillé à ce que ce changement de culture soit profond et durable, qu’il reflète la persévérance dont l’Ordre a su faire preuve.
Reconnaître le travail accompli
Alors que l’Ordre est en mesure d’assurer pleinement son rôle, le maintien sous administration entretient un doute sur la qualité du travail des 65 000 professionnels du génie et sur la capacité de l’Ordre de réaliser sa mission.
Pourtant, les ingénieurs poursuivent avec rigueur leurs activités professionnelles qui créent tant de valeur pour l’ensemble du Québec, du Canada et à l’international. De la même façon, le personnel de l’Ordre agit avec intégrité et diligence pour la protection du public.
Nous nous réjouissons que le nouveau gouvernement soit à l’écoute des ambitions de l’Ordre en nous offrant la possibilité de rencontrer ses représentants et de poursuivre les discussions. Au terme de ces deux années de mise sous administration, il est donc temps de reconnaître les résultats obtenus par l’Ordre des ingénieurs du Québec et la qualité du travail accompli quotidiennement par ses membres en procédant à une levée de cette tutelle.
Prioriser le dossier
Alors que l’ensemble des dossiers sont sous la révision des ministres qui apprivoisent leurs nouvelles responsabilités, nous invitons la ministre de la Justice à considérer en priorité ce dossier. Maintenant que les derniers jalons importants ont été franchis, redonnons à l’Ordre des ingénieurs du Québec ses lettres de noblesse et la fierté qu’ont les 65 000 ingénieurs de bâtir le Québec de demain.
Les 30 cosignataires
Nadia Baaziz, ing.
Directrice du Département d’informatique et d’ingénierie
Université du Québec en Outaouais
Alain Bernier, T.P., Président sortant
Laval Tremblay, T.P., Président par intérim
Ordre des technologues professionnels du Québec
Annette Bergeron, MBA, FEC, P.Eng
Présidente
Ingénieurs Canada
Pierre Boisvert, ing.
Président
Corporation des entrepreneurs généraux du Québec
Gabriel Bran-Lopez
Président-fondateur
Fusion Jeunesse
Steven Chamberland, B. Ing, M.Sc.A., MBA, Ph.D.
Directeur – direction de l’administration et des ressources
Professeur titulaire – département de génie informatique et génie logiciel
Polytechnique Montréal
Jamal Chaouki, ing., M.Sc.A., Ph.D.
Professeur titulaire – département de génie chimique
Polytechnique Montréal
Roland Charneux, ing. M. Ing.
Directeur
PAGEAU MOREL
Mourad Debbabi, Ph.D.
Doyen associé de la recherche et aux études supérieures
Professeur titulaire
Institut Concordia pour l’ingénierie des systèmes d’information
Université Concordia
Claude Décary, ing.
Président-directeur général
Bouthillette Parizeau
Nathalie Dion, arch.
Présidente
Ordre des architectes du Québec
Patrik Doucet, ing. Ph.D.
Doyen de la Faculté de génie
Professeur titulaire – département de génie mécanique
Université de Sherbrooke
Pierre Dumouchel, B. Ing., M.Sc., Ph.D.
Directeur général
École de technologie supérieure
Serge Gendron, ing.
Président
Groupe AGF
Guy Lacroix
Directeur général
Bureau des soumissions déposées au Québec
Martin Landry
Directeur – bureau de Montréal
ARUP
Robert Landry, ing., MBA
Vice-Président Principal
Ingénierie des infrastructures – Est du Canada
Infrastructures
SNC-Lavallin
Ève Langelier, ing.
Professeure et titulaire de la Chaire pour les femmes en sciences et en génie
Université de Sherbrooke
Jacques Laparé, ing. à la retraite, MBA
Président du Conseil
Gestion FÉRIQUE
Nicolas Lemire, ing. M.Sc.A.
Président et associé principal
PAGEAU MOREL
Éric Martel, ing.
Président-directeur général
Hydro Québec
Gerard McDonald, MBA, P.Eng.
Chef de la direction
Ingénieurs Canada
Jim Nicell, Ph.D., P.Eng.
Doyen et professeur – Faculté de génie
Université McGill
Isabelle Péan, M.Sc
Présidente-directrice générale
Fondation et Alumni de Polytechnique Montréal
Philippe Tanguy, ing.
Directeur général
Polytechnique Montréal
Michèle Thibodeau-DeGuire, ing.
Présidente du Conseil d’administration
Polytechnique Montréal
Denis Tremblay
Président
Association de l’industrie électrique du Québec
Wendy Vasquez
Présidente
Confédération pour le rayonnement étudiant en ingénierie au Québec
André Zaccarin, ing., Ph.D.
Doyen
Faculté des sciences et de génie
Université Laval
Je considere que l’ordre des ingenieurs devrait rester sous tutelle. Vous avez besoin de vous faire remettre en question. Je ne suis pas d »accord avec cette demande pour le moment. J’ai été stupéfait de votre inaction dans les dossiers de fraudes.
Bonjour M. Légaré,
Comme tous les organismes d’encadrement au Québec, incluant par exemple les corps policiers, l’Ordre des ingénieurs du Québec n’était tout simplement pas équipé il y a dix ans pour faire face aux situations de collusion et de corruption révélées à partir de 2009 par les médias et par la Commission Charbonneau. Nous sommes maintenant équipés et notre travail donne des résultats concrets.
En ce qui concerne spécifiquement les dossiers de collusion et de corruption, une soixantaine d’ingénieurs ont jusqu’à maintenant été sanctionnés en lien avec des faits survenus dans plusieurs régions du Québec (Québec, Gatineau, Montréal, Longueuil, Saint-Jérôme, etc.). Ces sanctions touchent notamment des ingénieurs qui occupaient les premiers niveaux hiérarchiques dans de grandes firmes de génie-conseil. Le leadership de l’Ordre dans le traitement de ces dossiers a d’ailleurs été salué par quelques médias au cours des derniers mois. Plusieurs autres enquêtes sont complétées et seront entendues par le Conseil de discipline au cours des prochains mois (le rôle d’audience est public et accessible à tous). Dans certains cas, le Conseil de discipline a terminé ses audiences et est sur le point de rendre sa décision (le Conseil a 90 jours pour rendre ses décisions).
Par ailleurs, près de 300 dossiers ont été traités pour imposer des pénalités aux ingénieurs impliqués dans du financement politique illégale (dossiers traités par voie de règlements ou de la conciliation prévue au Code des professions).
En parallèle à ces actions disciplinaires, l’Ordre accentue la prévention, notamment par la refonte de son inspection professionnelle, avec 2600 inspections réalisées cette année et 3000 l’an prochain, et incluant un ciblage des domaines à risque.
Par ailleurs, l’Ordre a retrouvé la stabilité au niveau de sa gouvernance et de sa situation financière.
Pour toutes ces raisons, nous estimons que le temps est venu de lever la tutelle dont l’Ordre fait l’objet depuis maintenant plus de deux ans.