Accélérer en toute intégrité et en qualité*

 

* Lettre ouverte publiée le 9 juin 2020 par Le Soleil (Québec) et d’autres quotidiens québécois

Le gouvernement vient d’annoncer son intention d’accélérer la conception et la réalisation de plusieurs projets d’infrastructures majeurs, notamment dans le domaine des transports. Cette décision vise à anticiper « la pire récession de l’économie mondiale depuis la Deuxième Guerre », tel que le soulignait le ministre des Finances plus tôt cette semaine.

Pour l’Ordre des ingénieurs du Québec, le choix d’accélérer de tels projets nécessite de mettre en place, au même moment, les conditions de succès permettant d’assurer la protection du public dans ce nouveau contexte.

La première condition est de privilégier la qualité dans l’octroi des contrats. C’est la meilleure façon de garantir à la fois la pérennité des ouvrages et que les milliards de dollars qui seront accordés en contrats publics deviennent aussi des outils pour favoriser le développement des compétences, le développement économique, l’innovation et le développement durable. À cet effet, la volonté annoncée par le Président du Conseil du trésor de revoir la règle du plus bas soumissionnaire est bienvenue.

Cette condition en entraîne une autre, celle de l’instauration de meilleurs contrôles dans la conception et la réalisation des infrastructures. À cet égard, les recommandations de la Vérificatrice générale sont limpides : l’expertise des ingénieurs au sein du gouvernement du Québec est déterminante pour mieux anticiper les travaux et les coûts qui y sont associés. La surveillance des travaux est tout aussi déterminante puisqu’elle permet de rectifier à la source des défauts qu’il est coûteux de corriger par la suite. Les actions à court terme, destinées à soutenir notre économie, seront ainsi bénéfiques à long terme pour la pérennité de nos infrastructures.

Enfin, une autre condition essentielle est de protéger adéquatement les lanceurs d’alerte, dont l’importance a été reconnue maintes fois dans les dernières années. Il est probable que l’accélération des travaux amènera des questions sur le plan de l’éthique alors que nous devons maintenir la tolérance zéro envers la collusion et la corruption.

La protection des lanceurs d’alerte doit s’actualiser s’incarner dans des mesures concrètes : il faut que les signalements puissent se faire selon un processus approprié à la fois rigoureux et confidentiel, qu’on y consacre les ressources adéquates et surtout, qu’on offre toute la protection requise pour celles et ceux qui dénoncent.

La commission Charbonneau a fait le constat d’un système qui a failli. Si les travaux de cette commission ont été utiles, c’est le moment ou jamais d’en faire la démonstration.

Les ingénieurs prêts à faire leur part

Les ingénieurs font leur part depuis le début de la pandémie. Certains ont contribué à développer du matériel de protection, du matériel médical ou encore des produits de désinfection, alors que plusieurs autres se sont portés volontaires auprès du réseau de la santé.

Maintenant, les ingénieurs vont participer à la reprise de l’économie et au bien-être de leurs concitoyens. Et leur ordre professionnel sera encore là pour les soutenir.

Dans les prochaines semaines, l’Ordre des ingénieurs du Québec sensibilisera ses membres à l’offre de formation disponible, notamment sur les meilleures pratiques en matière d’intégrité. Nous comptons sur nos membres pour que, durant cette période où certaines règles seront assouplies, la préoccupation constante envers l’intégrité, l’éthique et la qualité demeure une absolue priorité.

L’Ordre offrira également le soutien d’une équipe professionnelle, capable de répondre aux interrogations de ses membres en de très courts délais. Ceux-ci pourront signaler toute situation qui leur semblera s’écarter des bonnes pratiques en matière d’éthique et de déontologie à l’aide de notre ligne 1-877-ÉTHIQUE, un service téléphonique confidentiel.

Enfin l’Ordre entreprendra, tel que prévu, son grand chantier sur la révision du code de déontologie de la profession. Cette grande discussion avec nos membres et nos partenaires saura maintenir la préoccupation éthique à l’ordre du jour non seulement pour la profession, mais pour l’ensemble des acteurs qui gravitent autour de la profession.

Préserver les bonnes pratiques

Accélérer les travaux tout en préservant les bonnes pratiques et l’intégrité : voilà probablement l’innovation principale à laquelle nos concitoyens s’attendent.

À l’instar de ses membres, l’Ordre des ingénieurs du Québec se porte volontaire pour partager son expérience avec les instances gouvernementale et contribuer à établir un cadre de référence favorisant les meilleures pratiques dans ce nouveau contexte.

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Une version plus étoffée de ces commentaires a été transmise par l’Ordre à la Commission des finances publiques de l’Assemblée nationale dans le cadre de ses consultations sur le projet de loi n° 61, Loi visant la relance de l’économie du Québec et l’atténuation des conséquences de l’état d’urgence sanitaire déclaré le 13 mars 2020 en raison de la pandémie de la COVID-19. Visitez le site de l’Ordre pour prendre connaissance de ce document.

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Kathy Baig

Kathy Baig

Je me nomme Kathy Baig, je suis ingénieure et présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec depuis le 22 juin 2016. J’anime ce blogue dans le but d’échanger avec les membres, les parties prenantes et le public sur différents sujets et enjeux touchant à notre profession. Ce blogue permettra aussi de partager et commenter les différentes actions contenues dans le plan stratégique de l’Ordre, ING 20-25, pour assurer la protection du public et soutenir le développement de la profession.

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